• Mère disparue de Joyce Carol Oates

     

     

    Mère disparue de Joyce Carol OatesIl y a dans son nouveau roman tout ce qui fait de l’oeuvre de Joyce Carol Oates l’une des plus riches et des plus marquantes de la littérature américaine contemporaine. Un bout de vie enchâssé dans la grande existence qui se reflète dans l’universel. Des mots qui coulent, un style fluide et une atmosphère néogothique étrangement dérangeante mais agréablement captivante. Toujours en quête du genre féminin, de ses mystères, l’Américaine parle cette fois à celle qui l’a portée.


    Le drame, la mort brutale de la mère, y est l’occasion d’un retour dans le passé, une chance de se réapproprier les liens du sang, au risque de perdre sa propre identité. La romancière se fait analyste. Son roman est l’histoire d’un transfert, celui d’un choc dont les dommages se cachent derrière une douleur inimaginable. C’est celui du retour à la source alors même que celle-ci se tarit.


    Entre souvenirs épars et paraboles poétiques, Oates, fine observatrice et chroniqueuse sociale avertie, préside encore aux destins. Mais elle laisse percer une sensibilité, une fragilité qu’on lui connaît moins. La féministe, la femme engagée, signe une déclaration d’amour à sa propre mère, à toutes les mères. Profondément attachant et tendre, ‘Mère disparue’ offre à chacun, homme ou femme, de porter un regard sur ses rapports aux siens, avec la certitude d’y trouver l’écho, même lointain, de sa propre existence. Un roman sans accroc, aussi profond qu’il est évident.

     

     

    Editeur : Philippe Rey