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    Illustrateur : Benjamin Lacombe
    Éditeur : Seuil Jeunesse - 2008

    "A avec l'alouette, B berce le bébé, C comme un cygne..." la ronde des mots tourne et cogne dans la tête de l'enfant silence. La dame de l'école qui sent bon la banane et le pain grillé voudrait l'aider mais la petite fille sait bien qu'elle ne peut parler des jours rouges dans la tanière des loups, ses loups qu'elle aime malgré tout car il y a parfois les jours bleus...

    Un album bouleversant sur le thème de la maltraitance des enfants et du recours salutaire aux mots pour dire les maux. Le texte très juste de Cécile Roumiguière est en parfaite harmonie avec les illustrations de Benjamin Lacombe qui nous emmènent dans l'imaginaire de l'enfant qui souffre. Ces illustrations oniriques, allégoriques, dans lesquelles la tension dramatique est palpable sont d'une grande force.

     

     

     


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    Si 'Little Nemo' est désormais reconnu comme le chef-d'oeuvre fondateur du 9e art, Winsor McCay reste un auteur dont on ignore beaucoup.

    Les éditions Delcourt, à travers cet ouvrage superbe, guidé par une fidélité maniaque à la publication d'origine, permettent la (re)découverte de deux autres séries, plus anciennes, du père de la bande dessinée moderne : 'Henrietta la Goulue' et 'Le Petit Sammy éternue'. Dans ces strips de six cases, McCay dévoile déjà toute sa maîtrise graphique, étonnante et singulière. Les graphismes sophistiqués, parés de couleurs ravissantes, auxquels répond un texte plein de finesse, servent l'exploration insatiable d'un moyen d'expression qui n'en est encore qu'à ses balbutiements. Dans une sorte de running gag ultime, le petit Sammy éternue ainsi, immanquablement, au même moment.

    Passionné par l'animation, le père de Little Nemo semble diluer le temps en répétant les vignettes, comme pour mieux retenir la chute implacable qui viendra forcément clore le gag. Ce n'est alors plus le gag, attendu, qui déclenche le rire, mais la tension qui nous y emmène, la jubilation que prend l'auteur à gonfler une situation jusqu'à son paroxysme fatal. Sammy, l'élément perturbateur, devient alors le révélateur d'un monde bourgeois coincé et hypocrite, dans lequel les jolies femmes portent en fait des perruques et les hommes boivent en cachette de leurs épouses. 'Henrietta la Goulue' va encore plus loin. Elle stigmatise le comportement lâche et égoïste de parents incapables, osant pour l'occasion s'aventurer avec justesse dans la psychologie enfantine. Innovant, en perpétuel progression, l'art de McCay trouve ici le support idéal : grâce à un appareil critique de qualité et à la reproduction de planches d'époque - avec la publicité de 1905 et les planches des auteurs que côtoyait McCay -, cette magnifique édition ouvre une fenêtre sur la palpitante aventure de la bande dessinée, à l'aube du XXe siècle.

     

     

     

    Le Petit Sammy éternue, de Winsor McCay

     

    Editeur : Delcourt
    Publication :26/11/2008

     


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    Toute la grammaire, toute l'orthographe, et toute la conjugaison...Bref, toute la langue française décryptée par Bénédicte Gaillard et Jean-Pierre Coligon, qui en avait sans aucun doute assez de leur Bled !
    Qui aurait pu penser qu'un livre de grammaire pouvait être amusant ? Qu'apprendre à bien orthographier un mot allait devenir un jeu d'enfant ?

    Les auteurs ont eu la brillante idée de nous faire apprendre des choses tout en nous amusant, notamment avec les rubriques "qui l'eût cru", riche en anecdotes. L'apprentissage devient rapide avec "sitôt lu, sitôt su" et il est aisé de se répérer dans les différentes rubriques par le système de couleurs instaurées. Mention spéciale pour l'ouvrage sur la conjugaison, où les verbes difficiles sont présentés dans des grands tableaux, bien aérés. Mais les deux autres ont aussi leurs qualités Alors, si la grammaire était votre ennemie, aujourd'hui, elle s'offre à vous sur un plateau !



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    Une question légitime, en ce XXIème siècle : existe-t-il encore des poètes, héritiers d’un Baudelaire ou d’un Mallarmé ? si oui, la poésie a-t-elle encore un rôle ? A quoi sert-elle donc ?

    Loin de faire un éloge seul de l’art littéraire, l’auteur expose ici sa vision des choses. Et cela commence fort « comme tout monde humain, mais plus qu’aucun autre peut-être, notre monde est un monde en manque de sens. La demande de sens y est donc d’autant plus acharnée. » Et, par quoi passerait donc cette sens-ibilité ? La poésie, en tentant de « trouver une langue » est le pilier de cette quête, mais n’amène pas forcément au sens, plutôt à la Vérité. Par ses formes, sa rhétorique, son style, elle est un condensé « d’in-signifiance », soit parce que l’éclatement des formes contemporaines renvoie à l’implosion de notre monde humain (manque de stabilité, de repères) et donc que la poésie prend forme dans l’informe (« le reflet esthétisé de cette chute [du monde] en sa déclinaison lisible »), soit parce que la poésie saisit le présent, par définition flou, incertain ; qu’il faut symboliser : la poésie prend donc ici toute sa consistance.

    Pour finir, Christian Pringent rappelle qu’« en France, on aime beaucoup la poésie qu’on ne lit pas. Comme on n’en lit presque pas, l’amour est immense ». Un appel à découvrir cet art, qui menaçant de disparaître à chaque instant, ne cesse de renaître sous des formes nouvelles.


    Christian Pringent A quoi bon encore des poètes ? P.O.L 1996, 55pages

     

     

     

     


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    Dans la collection "la vérité sur le(s)", l'énigmatique Monsieur B. s'attaque à la grande nation qu'on aime ou qu'on déteste...et n'y va pas à demi-mots ! La couverture nous prévient ironiquement : "pour nous pas de problème...on est prêts à se faire bouffer" (signé : MacDo).

    Tout y passe ! En 44 planches, l'auteur nous raconte l'histoire de l'Amérique sur un ton décalé, poursuit avec "de fil en anguille" qui narre les valeurs des "States" (la répression, la dissidence, l'omniprésence des médias...), puis expose nos différences et l'image hexagonale...Attention, les Français ne sont pas exempts de reproches non plus ! ("et c'est avec cette prétention qui nous caractérise qu'il va falloir nous mobiliser pour sauver l'Amérique d'elle-même"). Le texte accompagnant les vignettes est bien écrit, drôle, ironique "voilà maintenant qu'ils tentent de coloniser nos assiettes avec leur OGM et autres boeufs aux hormones. et ça, pour le fier français, c'est la goutte de vin qui fait déborder la cruche". Bref, une BD à lire sur la plage pour alimenter les conversations antiaméricanistes...


    références Monsieur B - La vérité sur les américains
    Albin Michel ISBN 2-226-17143-6 10.00€ TTC