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    Mère disparue de Joyce Carol OatesIl y a dans son nouveau roman tout ce qui fait de l’oeuvre de Joyce Carol Oates l’une des plus riches et des plus marquantes de la littérature américaine contemporaine. Un bout de vie enchâssé dans la grande existence qui se reflète dans l’universel. Des mots qui coulent, un style fluide et une atmosphère néogothique étrangement dérangeante mais agréablement captivante. Toujours en quête du genre féminin, de ses mystères, l’Américaine parle cette fois à celle qui l’a portée.


    Le drame, la mort brutale de la mère, y est l’occasion d’un retour dans le passé, une chance de se réapproprier les liens du sang, au risque de perdre sa propre identité. La romancière se fait analyste. Son roman est l’histoire d’un transfert, celui d’un choc dont les dommages se cachent derrière une douleur inimaginable. C’est celui du retour à la source alors même que celle-ci se tarit.


    Entre souvenirs épars et paraboles poétiques, Oates, fine observatrice et chroniqueuse sociale avertie, préside encore aux destins. Mais elle laisse percer une sensibilité, une fragilité qu’on lui connaît moins. La féministe, la femme engagée, signe une déclaration d’amour à sa propre mère, à toutes les mères. Profondément attachant et tendre, ‘Mère disparue’ offre à chacun, homme ou femme, de porter un regard sur ses rapports aux siens, avec la certitude d’y trouver l’écho, même lointain, de sa propre existence. Un roman sans accroc, aussi profond qu’il est évident.

     

     

    Editeur : Philippe Rey

     

     

     


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    Arturo  Perez-Reverte ,  Le Tableau du Maître flamandArturo  Perez-Reverte est un auteur espagnol, né en 1951 et journaliste d'origine. Il a obtenu un prix de littérature policière pour ce livre en 1993.

    Cette distinction me paraît tout à fait heureuse, car cette histoire d'escroquerie à l'assurance est remarquablement menée du début à la fin. C'est de plus un livre intelligent qui entrelace une partie d'échec et une plongée dans les dits et les non-dits de la peinture d'une façon magistrale et tout à fait originale. Ici, jamais de recours aux excès délicieux et commerciaux du sexe et de la violence, tout au plus à la manière voilée d'A. Christie.

    Aucun des personnages ne va sortir blanc de cette aventure, mais les portraits qui défilent valent le voyage.

    Croit-on vraiment à cette intrigue complexe et très "psychologique" ? Assez en tous cas pour passer un bon moment. C'est déjà bien ...

    n. b. : voir aussi du même auteur "Le cimetière des bateaux sans nom"


    Le Tableau du Maître flamand, Editions Livre de poche 7625 (1990)


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     "EN PROIE AU TEMPS" UN THRILLER DE SANDRINE MONFORT  En proie au temps décrit minutieusement le milieu médical et scientifique. La force de ce roman est de mêler deux genres, thriller et roman d’anticipation.

     

    Mais ce qui rend En proie au temps tout à fait intéressant, c’est son originalité, sa richesse et sa complexité. Il nous invite en effet à nous poser des questions fondamentales concernant les rapports entre l’homme et la science et en particulier ces expérimentations systématiques qui transforment certains patients en cobayes. A quel point peut on avoir confiance en la science ? Car, comme nous le rappelle l’auteur, la science s’est construite en sacrifiant aussi des vies.

     

    Ce désir de découverte scientifique, jusqu’à quel point est-il bénéfique ?

     

    Le tour de force que réussit Sandrine MONFORT, est celui de nous entraîner avec elle dans sa  passionnante réflexion. Son récit  est habilement construit, le roman ne s’essouffle pas et nous entraîne de rebondissements en rebondissements.

     

    Sandrine MONFORT nous offre un thriller futuriste mêlé de science-fiction qui nous invite à aller plus loin que la seule lecture délassement en posant des questions tout à fait fondamentales. Ainsi est-on amené à s’interroger sur un sujet qui a le mérite d’être inhabituel et qui est abordé de façon originale.

     


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    Jacques Abeille :  Les jardins statuairesVoilà un livre d'une beauté saisissante, un rêve éveillé dont l'écho sourd encore bien longtemps après l'avoir refermé.

     

    Une des lectures les plus marquantes pour moi depuis ces derniers mois... J'en ai quelques autres à vous citer, Monsieur le commandant, Pornographia, La lettre à Helga, A moi seul bien des personnages... des livres très différents les uns des autres, mais qui ont en commun l'exigence et l'ambition, et surtout, cette qualité si rare: ils sont innovants, ne concèdent pas à la mode, au goût du jour, ne cherchent pas à flatter la paresse du lecteur, mais au contraire, souhaitent l'élever, lui apprendre, le sortir de sa zone de confort. N'est-ce pas ce à quoi l'art devrait toujours tendre ?

     

     

     

     

    L'époque est indéterminée, on entre dans le récit avec un narrateur sans nom ni âge, on ne sait d'où il vient, il ne sait où il va, il pénètre dans Les jardins statuaires, une terre féconde où poussent des statues et où une civilisation déjà ancienne vit peut-être ses dernières heures...et la disparition prochaine de ce monde, ce temps bientôt révolu, il faudra le graver dans le marbre de l'écriture, pour le garder vivant("J'ai peur du silence où s'enveloppera l'absence"). Folle entreprise dont 472 pages ne viendront pas à bout, et dont les tous derniers mots m'ont laissée tout simplement ébahie, hébétée, et souriante aussi.

     

    Conte philosophique, récit de voyage, roman d'aventure, métaphore de la création littéraire, roman d'amour (certaines pages décrivant la communion physique et spirituelle sont tout simplement d'une beauté à tomber par terre), roman de la guerre, de la conquête, de la sédition, voyage lent et hypnotique...tout cela , au fond, serait vain, s'il n'y avait, AUSSI, cette langue admirable, douce, tranquille, faite de longues périodes qui enveloppent le lecteur, l'encerclent, et puis, tout à coup, des phrases tels des diamants bruts, d'une poésie et d'une beauté à couper le souffle. Oui, je sais, je l'ai déjà utilisé plusieurs fois, ce mot, "beauté"...très sincèrement, je n'en vois pas d'autres.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    AVIS SUR : TUTOYER LES ETOILES  DE CHRISTOPHE MATHIEU Fort d’une écriture sobre, rythmée et fluide, Christophe Mathieu joue habilement avec les répétitions nuancées qui contribuent à la vie de son roman. Le ton est grave, l’histoire prenante, ponctuée de scènes hilarantes qui vous font hésiter entre sourire et compassion pour le héros.

    Les dialogues animés, semblant pris sur le vif et dans des lieux familiers, et de très beaux portraits comme ceux de « La Ferraille », Josiane, Jocelyne, Elsa et Robert, vous transportent dans une vie qui pourrait être la vôtre, jusqu’au basculement soudain dans le fantastique puis la découverte d’une chute dramatique totalement inattendue.

    Un premier roman très réussi qui donne envie de découvrir davantage le monde de l’auteur.