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    Il y a tout ce qu’il faut pour faire le succès de La Quête d’Ewilan : c’est une trilogie, c’est de la fantasy avec tous ses ingrédients indispensables (univers parallèles, chevaliers, peuples qui ressemblent à des elfes, ogres, animaux fantastiques et dragons…), les héros sont jeunes, sympathiques et très humains, etc.
    À cela s’ajoutent quelques innovations intéressantes : le héros est une fille (enfin !), l’ami qui l’accompagne est d’origine africaine (enfin !) et quelques personnages improbables peuvent eux aussi accompagner les héros (un vieux, un intello, deux benêts…). Un regret cependant : l’ami d’Ewilan n’a pas un rôle à la hauteur de ce que l’on aurait pu souhaiter ; il sert bien souvent de faire valoir et est parfois présenté de façon discutable. Mais sans doute fallait-il un acolyte inférieur et comique, comme dans tout bon récit d’aventures traditionnel (Haddock pour Tintin, par exemple).

     

    L’imagination de Pierre Bottero construit des villes imaginaires, des paysages impressionnants, des êtres fantastiques, des cultures originales ; il échoue cependant dans un domaine, celui de la création d’une langue autre et cependant compréhensible : celle des Faëls est bien maladroite, pour un peuple si agile. Heureusement, on l’entend peu, ce qui permet de suivre le rythme enlevé de ces aventures en se laissant porter par l’invention.

     

    La Quête d’Ewilan, De Pierre Bottero, Rageot poche, 2006

     


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    Ce qui demeure est l'histoire de la famille Keane sur 30 ans. À Manhattan, après la Seconde Guerre mondiale, Mary rencontre John Keane, un ancien combattant blessé, et ils se marient, élevant leur famille catholique à Long Island. Ils ont quatre enfants, les fils Jacob et Michael et les filles Annie et Clare. C'est le calme et sensible Jacob qui est envoyé au Vietnam à la place de l'intrépide Michael. Les filles doivent faire face aux changements constants du rôle des femmes dans la société, y compris la révolution sexuelle. Chaque chapitre représente un autre moment important de la vie de la famille.

    Le roman d'Alice McDermott a reçu des critiques majoritairement positives, le Washington Post déclarant : "Ce n'est un secret pour personne qu'Alice McDermott, lauréate du National Book Award 1998 pour Charming Billy, est un écrivain aux multiples talents, mais lire son nouveau roman, After This, c'est se rappeler à quel point ses dons sont rares."

     

     

     

     

     

    Ce qui demeure, de Alice McDermott, traduit par Anouk Neuhoff, Paris, Éditions Quai Voltaire, 2007, 344 p.

     


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    Noir de lune, commence par une femme qui avoue qu'elle vient de tuer sa mère âgée et malade. Helen Knightly a passé la majeure partie de sa vie à s'occuper de sa mère d'une manière ou d'une autre, subissant non seulement les insultes et la méchanceté de sa mère, mais aussi sa maladie mentale. C'était un travail ingrat qui lui a valu une vie entière de rejet et de douleur. Pendant les 24 heures suivantes, la vie d'Helen s'effiloche et elle se souvient de sa vie avec ses parents, son ex-mari et ses enfants. Elle est maintenant libérée des exigences incessantes de sa mère, mais tout ce qui lui est cher pourrait être perdu dans le processus.

    Ce deuxième roman d'Alice Sebold (après son best-seller The Lovely Bones) a reçu des critiques mitigées, le Rocky Mountain News déclarant : "The Almost Moon est une lecture haletante, un thriller littéraire sombre qui explore la psychologie des relations mère-fille et les retombées de la maladie mentale. Ce n'est ni une suite de The Lovely Bones, ni une réplique ; au contraire, il s'aventure dans un nouveau territoire surprenant."

    Noir de lune, de Alice Sebold

     

     


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    Le livre se déroule dans la petite ville de West Annett, dans le Maine, en 1959, où le révérend Tyler Caskey a du mal à faire face à la mort de sa femme. Alors qu'il se sentait autrefois béni et entouré de Dieu, il se sent maintenant seul et isolé avec sa fille de 5 ans, Katherine. Enfoui dans son chagrin, il trouve les problèmes de ses congrégations mesquins et peut à peine interagir avec sa fille. Katherine souffre également, refusant de parler depuis la mort de sa mère et se comportant mal à la maison et à l'école. La ville et la congrégation commencent à se retourner contre Tyler, partageant des ragots sur Katherine et murmurant des rumeurs sur sa possible liaison avec la nouvelle gouvernante. Tyler se retrouve sur le point de perdre tout ce qui est important pour lui.

    Le deuxième roman d'Elizabeth Strout (après Amy et Isabelle) a reçu des critiques positives, le New York Daily News déclarant : "La façon dont Strout guide Abide With Me dans le domaine du trop humain est charmante. Là, le révérend et sa congrégation retrouvent le chemin de Dieu et des autres dans un roman tendre et émouvant."

     

    Abide With Me , de Elizabeth Strout

     

     


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    Après Le bal des vipères, présenté dans notre émission l’an passé, Castellanos Moya nous emmène aux frontières du Salvador et du Mexique. José Pindonga, détective raté, est chargé par un homme ressemblant fort à Jeremy Irons, d’enquêter sur la dernière journée de son ami, Alberto Aragon, qui fût ambassadeur du Salvador au Nicaragua. Pourquoi ce diplomate rongé par l’alcool, rentre-t-il un matin de 1994 au Mexique, quittant ses fonctions ?

    Roman en deux temps, deux parties et deux voix (la première celle des faits, par Aragon, la seconde celle de l’investigation par Pindonga), Là où vous ne serez pas, infiltre les arcanes de la trahison et du mensonge, s’appuyant sur la politique d’Amérique centrale, ses guerres civiles et ses luttes intestines. Castelalnos Moya s’inscrit dans cette nouvelle mouvance des auteurs sud américains, pour lesquels l’écriture se doit d’être audacieuse et extrêmement cadencée, à l’image de la révolte qui gronde.

     

     

    "Là où vous ne serez pas", Horacio Castellanos Moya, Les Allusifs, 274 pages, 22 euros.